“Eric”, 2008, (90 photograms), (06.05min.) Combes&Renaud

Si “le cinéma organise la succession des images selon un scénario accréditant la forme d’un récit” (1) la vidéo semble en être orpheline, du moins existe sans solliciter le récit (2) Son déroulement s’effectue autrement, sans références littéraires ou romanesques. L’intention se trouve ailleurs en deçà d’un scénario. Elle peut se contenter d’être un mode opératoire sans préméditation, une vidéo surveillance sans cadre, juste un champ optique développé en plan fixe ou surmenage visuel. Elle peut tourner indéfiniment, en boucle, existant plus dans son dénuement que par un travail de lumière, de montage et de qualités cinématographiques. Un film sur pellicule est physiquement toujours fini, il est dans un autre temps, au contraire du support numérique qui habite le présent, jamais achevé, toujours à refaire, à modifier, qui sollicite l’intervention et s’épuise en renaissant sans cesse. Ce commencement répété neutralise le mouvement, percute le temps, anéanti le début et la fin d’une narration possible.

“Eric” est dans une représentation liquide, une voix noyée, en attente de (re)naissance. il semble éloigné de sa peau, sans adhésion à un quelconque écran et flotte dans une vague anatomie. En l’excluant la communauté se vide de l’image d’Eric, il reprend ce qu’il n’a plus mais ne laissera pas un simulacre sécurisé de nos choix politiques.
P.R.

1.“Du monde et du mouvement des images” Jean Louis Schefer.
2. Excepté bien sur les débuts du cinéma avec “Arrivée d’un train en gare le Ciotat” ou “la sortie des usines Lumières à Lyon”
“Eric” est à l’origine un reportage vidéo : “Le soleil se lève aussi” réalisé et diffusé par mynicetv dont nous avons utilisés des extraits audio, et que nous remercions.

« body no / body » Galerie Bertrand Grimont, Paris
exposition « Eric »
commissariat Bertrand Grimont & Samy da Silva
(avec Chloé Dragna), group show / exposition collective